Le mois de mars nous a apporté cette année en plus de la douceur du printemps, le
dernier opus du Boss, Wrecking Ball. Bruce Springsteen, de tendance démocrate
et qui a soutenu dernièrement John Kerry et Barack Obama, n’est pas content et
veut le montrer à travers un album de révolte. Evidemment, nous citoyens de
l’hexagone, on peut se demander qu’est-ce qu’on irait chercher dans un album
destiné au peuple américain ? Peut-être un peu de musique et de talent pour
commencer, avec cette période de vache maigre niveau bons albums, on ne peut
que se réjouir de mettre cette œuvre sur notre platine. Un album engagé, c’est
le moins que l'on puisse dire. L’Américain a l’air déçu du gouvernement du
président qu’il a tant soutenu, il scande son mépris pour la gestion des
différentes crises avec à la clé, toujours l’appauvrissement des classes
moyennes pendant que d’autres s’enrichissent et profitent de cette période de
trouble. Un peu démago, n’est-ce pas ? Néanmoins, on ne peut pas en vouloir à
Bruce, qui aime son pays et son peuple, à vrai dire le Rock est une musique de
rébellion.
Cet album se veut fédérateur, on le voit aux nombreux chœurs présents dans cet
album, des sortes d’hymnes à scander pour protester contre l’injustice. Comme à
son habitude, le Boss ne se cantonne pas au Rock et va explorer des genres
variés, allant du gospel au blues et en passant par des chants plus
traditionnels. Avec le Boss, on ne s’apitoie pas sur son sort en chialant
toutes les putains de larmes de son corps, on est tous capable d’agir pour
améliorer les choses, alors tant qu’à faire, faisons le sur des chansons qui
donnent du cœur au ventre. We Take Care of Our Own rassemble
tous les horizons, que l’on soit de Chicago à la Nouvelle-Orléans, au niveau
musical, du Sprinsteen pur jus, dans la veine de ses derniers albums, quelques
effets en trop à mon goût, notamment des échos qui donnent une lourdeur au
morceau. On peut noter la présence de Tom Morello sur
cet album, sur Jack
Of All Trades et This
Depression qui
nous sanctifie d’un solo plutôt réussi sur la première. Comme évoqué
précédemment, Springsteen surfe aussi sur la musique traditionnelle et plus
particulièrement le folk irlandais, Death to My Hometown est
un morceau terriblement accrocheur et engagé, on y sent toute la colère du Boss
à travers cet univers populaire mêlant les flûtes irlandaises et les chœurs
d’inspiration africaine. Un beau mélange de toute la culture américaine, la
chanson titre Wrecking
Ball apporte
une touche country avec toujours cette même rage, le titre signifiant
littéralement la boule de destruction que l’on utilise pour démolir des
bâtiments, Bruce encourage ses confrères qui viennent du même milieu
banlieusard du New Jersey que lui à se lever si ils en ont le courage et les couilles.
On notera la présence de synthétiseurs par forcément nécessaires et qui
enlèvent encore une fois à la chanson un certain charme. L’envoutant Rocky
Ground reste
en tête tout le reste de l’album et nous surprend à la fin avec un chant rappé,
pas trop ma tasse de thé mais le résultat est correct.
We are alive nous
rappelle encore une fois la tradition irlandaise, rappelons que le père de
Bruce était un irlandais comme beaucoup d’immigrants américains. Land
of Hope and Dreams est
un ultime hommage à Clarence Clemons, ce titre enregistré il y a une dizaine
d’année mais encore jamais sorti vient nous rappeler le talent de Big Man, son
saxo qui fait frissonner tous fans du E-Street Band, cet homme trop grand pour
mourir me fait verser une larme.
Un album qui a ses défauts, une utilisation peut être trop massive des effets
studio qui retire un certain naturel et la spontanéité mais la critique est
facile, Wrecking Ball est un bon album, qui nous rappelle à tous que le Rock
est une musique avant tout de protestation et que la culture est un bon moyen
d’exprimer son mécontentement. Le Boss, à 62 ans, est fidèle à lui-même, des
albums comme ça, j’en voudrais tous les jours à la radio. Malheureusement, on
est encore condamné à se taper de la soupe face et sans âme en France, viendra
peut-être le moment où nous aussi, nous prendrons notre courage à deux mains et
hisseront la musique à la hauteur où elle devrait être. Je donne rendez-vous
aux fans du Boss à Bercy en Juillet, car le Boss peut pondre n’importe quel
album, il reste une référence en terme de concert..