dimanche 19 janvier 2014

Black Sabbath - 2 décembre 2013 - Paris



Inutile de faire un débriefing, aujourd’hui nous chroniquons un groupe dont la simple évocation impose le respect : Black Sabbath. Les précurseurs, pour une pas dire créateurs du Metal sont de retour avec un line-up presque originelle.  De côté toutes les querelles pécuniaires qui n’ont pas épargné le groupe, reste quelques doutes et appréhensions vis-à-vis de la voix d’Ozzy Osbourne qui avait donné une performance frisant la médiocrité dans ces mêmes lieux en 2010. Au placard toutes les interrogations, les espoirs de revoir Black Sabbath dans sa formation originale sont enfin réalité, un frisson m’envahit rien qu’à l’idée d’avoir accompli ce rêve.

Uncle acid and The Deadbeats font office de première partie,  quatre gars qui font dans le doom- psychédélique mélangeant riffs obscurs et rythme lent. Leur musique n’est pas désagréable à l’oreille mais la lourdeur et la lenteur de celle-ci auront raison de mon attention.  Le jeu de scène n’arrange rien à l’envie de les soutenir, les quatre musiciens sont planqués derrière leur chevelure épaisse, échangeant à peine deux mots avec son public. Peut-être fallait-il un papier buvard imprégné d’LSD pour apprécier toute la performance, dans tous les cas l’impatience de voir les héros de la soirée grandit encore.   

Un immense rideau s’abat sur la scène, le cri diabolique d’Ozzy et les alarmes de War Pigs annoncent une apocalypse imminente. Le rideau tombe, la légende apparait et c’est parti pour deux heures de montagnes russes.  Parlons tout d’abord de la performance de Tony Iommi, tout juste remis d’une saleté de cancer, exécutant parfaitement ses mythiques riffs mêlant lourdeur et mélodie. Pas besoin de se dandiner dans tous les sens pour le guitariste de Black Sabbath, le charisme et le talent font le travail.  L’enchainement Under The Sun/Snowblind montre toute la dextérité du personnage, le véritable moment fort du concert est ce passage très rythmé sur Under The Sun que je ne saurais vous retranscrire par écrit. Ozzy Osbourne s’en sort admirablement sur les premiers morceaux, très en forme sur War Pigs et Into The Void, le prince des ténèbres montre rapidement ses limites sur le morceau éponyme où sa voix faiblarde rend la chose moins attrayante. Néanmoins sa bonne humeur et ses efforts par rapport à la tournée américaine font vite passer l’éponge tout comme le travail de Geezer Butler. Des lignes et des soli de basse à couper le souffle sur Behind The Wall of Sleep/N.I.B, le public en profite pour se défouler un coup avant  l’intro interminable de End of The Beginning. Les morceaux du dernier album se révèlent parfois assommants de par leur longueur même si ils sont interprétés avec brio. Manque de familiarité ou simplement manque d’inspiration, les trois morceaux de 13 ne convainquent guère. 

Bien évidemment, l’album Paranoid est mis à l’honneur avec pas moins de cinq chansons jouées dont l’excellent et envoûtant Fairies Wear Boots, les mythiques Iron Man et Paranoid ainsi que Rat Salad Tommy Clufetos, derrière les fûts, remplit totalement sa mission.  Le batteur par intérim se permet même d’allonger son solo de batterie,  au grand regret anti-solodebatterie (noté le néologisme au combien inspiré) qui n’y voit que du temps perdu pour un potentiel morceau en plus. Fatigué de ses éternelles gimmicks tels que « Let me see you » ou « Let’s go fuckin’ crazy », Ozzy se prend de folie et assure la transition des morceaux en imitant un coucou, ce qui a le mérite de faire sourire l’hermétique Tony Iommi.  L’édifiant Children of the Grave retentit et rappelle que Black Sabbath a véritablement apporté une pierre fondatrice à la musique, un morceau aussi sombre et heavy à cette époque me laisse béat d’admiration.  Le concert se termine, le temps à Ozzy de balancer ces derniers sauts d’eau et d’expédier Paranoid qui a été enregistré dans les années 70 dans le simple but de rallonger l’album et qui pourtant fait office de classique.

lundi 25 novembre 2013

Analyse rétrospective : la fosse d'un concert de Rock

La fosse d'un concert de Rock, véritable charnier, parfois sans pitié, où diverses personnes tentent de survivre ou d'apprécier un minimum le spectacle sans se voir pousser, piétiner et parfois déchiqueter. Le regard d'une chronique est sur scène mais il est intéressant de s'intéresser à ce qu'il se passe autour, irréfutable indicateur de la qualité d'un concert, le public peut se révéler très intéressant et mystérieux. Mon expérience m'a poussé à établir des catégories récurrentes que l'on peut observer lorsque les gradins ne nous inspirent qu'ennuie et vieillesse. 

La groupie : archétype de la fan de Rock, datant de la révolution sexuelle des années 60, la groupie moderne est toujours présente dans la fosse. Cri strident, décolleté penchant et appétit haletant, elle fera tout pour se faire remarquer par le groupe. A noter qu'il existe une version masculine de la chose, véritable chasseur de médiator et de setlist. 

Les alcooliques du milieu : A mi-chemin entre la buvette et la scène, les alcooliques du milieu sont le centre de gravité de la fosse. Tous les pogos, mouvement de foule et slams viennent de ce groupe. Trop bourrés pour ressentir de la honte, ils n'hésitent jamais à lancer une ola ou un cri commun et recommencent si il y a un bide. 

Le Tank : véritable chef hiérarchique du groupe des alcooliques, il est le boss final de la fosse. Rien ne peut atteindre ce colosse, souvent statique grâce à son physique de trois mètres sur deux, il peut se révéler offensif si on l'agace un peu. Il n'hésitera pas à vous renverser, à lancer un slameur trop opportuniste ou bien à remettre de l'ordre dans un pogo mal organisé. 

Le vieux nostalgique : Il est toujours là pour revivre les meilleurs moment de sa jeunesse. Contre-nature, il se glissera dans la fosse, participera au bordel général et en profitera pour glisser 10 ou 20 mains au cul des jeunes femmes. Alcoolisé, il peut se révéler particulièrement dangereux et incontrôlable. N'hésitez pas à lui rappeler que sa femme et ses enfants l'attendent pour lui faire reprendre ses esprits. 

Le mec qui n'a rien à faire (aka le paumé) : Habillé en civil, apeuré par l'ambiance, le paumé est la principal victime de la fosse. Les yeux rivés sur scène, il tente bien que mal de profiter du concert dans le calme. Incapable physiquement, il se contentera d'avoir l'air offusqué ou de faire les gros yeux. 

Le challenger anorexique : 30 kilos tout mouillé, ce personnage se révèle aussi courageux que téméraire. Principal source de nourriture du tank, le challenger anorexique aime profiter des pogos pour approcher la scène. Il n'hésitera pas à braver la fosse et à se battre, souvent sans succès. 

Le défoncé : Enchaînant pétard sur pétard, le junkie mettra tout son entourage dans un état de larve. Présent à tous les concerts de Rock, le défoncé se reconnait facilement à l'odeur d'herbe et au nuage qui se dégage au tout de sa personne. Très partageur, il n'hésitera pas à vous fournir et à partager son trip. 

Le couple chiant : Inséparable, comme si c'était leur dernier coup de langue, le couple fera tout pour rester ensemble durant le concert. Régis par les lois animales, le mâle protégera sa femelle envers et contre tout. Sa copine étant l'objet de toute sa vie, il préférera surveiller le pervers du coin plutôt que de regarder le concert.

Le perdant de la Nouvelle Star : Âme de chanteur, fin connaisseur des textes mais dépourvu de musicalité, la diva de la fosse vous bassinera tout le concert en voulant prendre la place du chanteur. Sa voix stridente et hors ton vous régalera les oreilles pendant 1h30.

Le rocker-prudent : Scientifique du Rock, ce personnage a toujours une anecdote à raconter sur l'un de ses milliers de concert. Véritable habitué, il adopte la bonne attitude en concert, entre amusement et respect du groupe, il observe le groupe et l'ambiance et participe à la bonne ambiance générale. Vous l'aurez bien compris, c'est moi. Merci pour la lecture !


dimanche 24 novembre 2013

Airbourne - Olympia, Paris - 22/11/2013

Vive la France, vive la Rock'N'Roll Resistance, ce sont sur ces derniers mots que Joel O'Keeffe nous a quitté à la dernière date française du No Guts No Glory Tour, un dernier serrage de poing et trois années de manque. La sortie de l'excellent Black Dog Barking remet les pendules à l'heure, Airbourne reprend la route et revient sur des terres ravagés par la musique contemporaine. C'est l'occasion de voir si le groupe dégage toujours cette énergie qui vous transporte pendant des semaines.

Corroded ouvre le concert avec un set honnête et concis sans pour autant convaincre avec un son assez froid, un chant gênant et des compositions peu inspirées. Impatience ou imperméabilité, le groupe laisse de marbre sans pour autant agacer. La Resa Dei Conti d'Ennio Morricone retentit, une introduction des plus épiques pour les tarés de Black Spiders. Le batteur n'a toujours pas fini à l'asile et c'est une putain de bonne nouvelle,  le groupe nous en met plein la tronche pendant une trentaine de minutes. Pour couronner ce Rock sous amphét', le son est excellent, le groupe se donne à fond et le public lui rend bien. Pourfendeurs de cervicales, alcooliques notoires et sujets à la psychopathie, les membres Black Spiders nous servent une musique mêlant Rock N Roll et Stoner, un son de guitare à la sauce Orange, une batterie puissante et une attitude badass au possible. Rien à redire, vivement qu'ils repassent en France.


Les lumières s'éteignent de nouveau, la bande originale de Terminator vient annoncer l'apocalypse. Quatre coups de charley plus tard, les accords de Ready to Rock mettent le feu à l'Olympia. Se balader dans la fosse relève maintenant de la survie, le sol tremblant, c'est parti pour 1h30 de folie. Oublier toute humanité, Airbourne vous remet à votre condition d'animal avec l'instinct comme seule directive. Le public semble avoir attendu ce groupe toute une vie. Rien n'égale l'énergie des australiens, les désormais classiques de Runnin' Wild s’enchaînent et ne laissent aucun temps mort. Back in the Game fait plaisir à entendre, ils sont de retour et c'est toute la croyance dans le Rock qui revient.  Joel O'Keeffe se promène sur les traces de son idole à travers la salle, dans les gradins et même sur les rembarres d'un balcon situé tout en haut de l'Olympia. L'image est idyllique, Joel attire tous les regards et ne cesse de se donner à fond : hellraiser, risktaker, full spead ahead till I'm dead in the fast lane. Airbourne est un générateur d'hymne, leurs chansons sont taillées pour le live et conçues pour lever les foules. Le public est présent sur tous les refrains et se met à chanter les riffs, au plus grand plaisir du groupe. En gage de remerciement, les australiens nous jouent Blonde Bad & Beautiful avec son intro live des plus éclatantes. Le rappel est le seul moment où la fosse ne ressemble plus à un immense champ de bataille, Ryan O' Keeffe vient faire retentir l'alarme de Live It Up, la montée en puissance et un Let's Go plus tard, c'est l'explosion. Le drapeau du Rock N Roll est planté sur l'Olympia, nous sommes désormais en terre conquise par la vraie musique, celle avec des instruments, des convictions et de la sueur. Le groupe rend hommage à ces prédécesseurs sur Runnin' Wild en jouant Paranoid, Dog Eat Dog, Dirty Deeds et même Live and Let Die. Le concert se termine sur les sages paroles de Joel, tant qu'ils seront là et tant que nous serons là, le Rock N Roll ne mourra pas. 

Airbourne est la quintessence du Rock, le jeune groupe à voir et à revoir. Face à la mort de Ray Manzarek et de Lou Reed, face à la peur de voir disparaître toutes nos idoles, face à toute la merde qu'on se coltine à la radio, la relève de notre musique est là. Elle n'était pas que sur cette scène, le public était là pour remplir l'Olympia et le mettre en ébullition. Le Hard-Rock sans fioriture prime encore, pas besoin des médias et des radios pour diffuser l'esprit Rock N Roll, Airbourne s'en charge toutes les nuits. Ecoutez l'appel de Joel, prenez vos guitares, vos batteries et vos couilles et ne cessez jamais d'y croire. Guitar attack, so watch your back

mercredi 16 octobre 2013

Darkness on the Edge of Town - Bruce Springsteen



Darkness on the Edge of Town est la perle oubliée de Bruce Springsteen, confinée entre deux albums couronnés de succès à savoir Born to Run et The River et pourtant vénérée par les fans les plus assidus du Boss. Resituons le contexte de cet album sorti en 1978, après l'éclatant succès de Born to Run, Bruce est confronté à ses premiers problèmes avec l'industrie musicale. Ayant signé un contrat à la va vite en 1972, il se retrouve coincé avec son manager de l'époque Mike Appel qui lui rappelle ardemment ses engagements et les termes de son contrat. Soucieux de travailler et de s'épanouir avec son nouveau mentor, Jon Landau, Bruce s'engage dans une bataille judiciaire contre sa maison de disque. Cette épreuve difficile ne laisse pas de marbre le jeune compositeur, que l'on a découvert rêveur, romantique et idéaliste avec ses premiers albums. L'innocence s'envole et c'est la dure réalité qui va être transcrite dans l'album, un témoignage de l'opposition des hommes, de la misère sociale et de la solitude. 

Badlands lance les hostilités, un hymne vengeur d'un rockeur désabusé qui nous parle avec mépris de ces personnes qui veulent toujours plus de pouvoir, toujours plus d'argent. Les riches veulent devenir des rois et ces rois ne sont pas satisfaits tant qu'ils ne contrôlent pas le monde. La rancœur est omniprésente et elle s'exprime à travers ce son de guitare agressif et percutant que l'on ne retrouvera plus dans les disques du Boss. Ces terres de désespoirs nous explosent à la face, les souvenirs d'enfance de Bruce remontent et c'est la paternité qui en prend pour son grade à travers Adam Raised a Cain. Des paroles profondes et transcendantes qui nous transportent à travers une fresque de l'Amérique sur fond de malheurs et de mélancolie. Ravagé mais pas totalement anéanti, le héros tente de trouver un échappatoire dans cette solitude ambiante, dans l'obscurité de la nuit sur Something in the Night mais aussi auprès d'une jeune femme. On est déjà loin des chansons à l'eau de rose, idéalisant l'amour, Candy's Room est la chanson la plus puissante et saisissante de Springsteen. Max Weimberg nous massacre tour à tour son charley et sa caisse claire pour une explosion orgamisque au refrain. Il découvre sa chambre, la déshabille, la prend sans penser au lendemain et extériorise toute sa rage dans les tréfonds de la jeune fille. La tension sexuelle redescend avec Racing in the Streets, la phase post-orgasme résumé en une chanson avec le retour à la dure réalité. Le piano de Roy Bittan nous guide sur une ballade mondaine, l'heure est à la tristesse : tous rêves et toutes relations finissent par s'éteindre avec le temps. La routine s'installe dans chaque vie, on se met à brûler à petit feu et même les loisirs les plus dangereux n'apportent plus satisfaction. L'espoir semble reprendre avec The Promised Land, bien plus enjouée et qui délivre l'envie d'y croire, Bruce nous exhorte à nous délivrer de nos peines, des gens qui nous font du mal et de marcher vers la Terre Promise. Néanmoins, ce court passage d'espérance est rapidement mis au placard par la réalité sociale, Factory reprend le thème des liens entre un père et son fils en le liant à la difficile vie d'un prolétaire. Ces ouvriers qui travaillent dans des usines, le travail prend leur quotidien, leur famille et leur vie, un air mélancolique qui colle à merveille avec cette poésie urbaine. Streets Of Fire est criante de solitude, le solo de guitare est encore une fois agressif et percutant accompagné d'un orgue presque funèbre, s'en suit une nouvelle aventure sexuelle avec Prove It All Night dont les versions live de 1978 sont à écouter impérativement. L'album se termine avec le titre éponyme Darkness on the Edge of Town, tous les espoirs et les croyances de notre héros semblent s'effacer, cet homme a tout perdu, son argent, sa copine et ses rêves. Cette chanson pourrait à elle seule résumer la recette formidable de cet album, une mélancolie exprimée de façon puissante, une tristesse extériorisé, des instrumentations qui reflètent les sentiments et la rage de l'auteur.

Darkness on the Edge of Town est une pierre brute, noire comme le basalte, dure comme le granite mais qui peut s'avérer impénétrable comme le diamant pour les non-initiés. Il se rapproche de Nebraska en tant que dépression incarnée, la touche électrique et explosive en plus. Une oeuvre que je ne me lasse jamais d'écouter car elle traduit parfaitement mes ressentis, elle nous expose à nos regrets les plus profonds mais apporte aussi un certain réconfort dans la solitude. Bruce Springsteen met en musique la réalité d'une personne lambda, qui se fait plaquer par sa copine, qui se lève tous les matins pour bosser, qui se fait trahir, qui baise, qui se confronte à des cons, qui vit la noirceur quotidienne. Un disque plein de maturité mais pas celle que l'on espérait plus jeune, un passage vers la vie adulte loin de l'utopie adolescente, la confrontation avec un monde égoïste et parfois vide de sens. 

dimanche 30 juin 2013

Bruce Springsteen - Stade de France - 29/06/2013

Une année après Bercy, Bruce Springsteen est de retour avec le E-Street-Band pour jouer dans un Stade de France quasiment plein. A peine entré dans l'enceinte, Bruce Springsteen apparaît et nous écourte l'attente en nous jouant This Hard Land à la guitare acoustique, le titre terminé, il se dirige vers le public et prend quelques propositions de chansons. Le choix se porte vers Burning Love, le temps de retrouver les accords, Bruce nous gratifie d'une superbe reprise, le petit comité de fans présent est conquis. Le Boss entame alors Growin' Up et la communion avec les premiers rangs, reprenant ce fabuleux refrain, fait déjà des étincelles. Il est déjà temps pour lui de quitter la scène, une mise en bouche succulente qui ne fait qu'accentuer l'impatience de son retour. Une générosité sans précédent, nous sommes tous assez émus par cette intention pour nous fans qui voyons notre ténacité et notre longue attente récompensée. 



Une heure et demi plus tard, le E-Street Band suivi de Bruce apparaissent sur scène et entament les premières notes de Badlands. Une entrée en matière des plus électriques, la foule saute, danse et reprend à l'unisson les fameux "Oh-Oh-Oh-Ooooh-Oh". La messe a commencé, Springsteen dans le rôle du pasteur, guide ses fidèles vers une terre d'espoir et de rêve. Son charisme est à la hauteur de l'ambiance, pas de feu d'artifice, de lasers ou d'effets quelconques, juste un homme qui fait le show avec ses tripes n'hésitant pas à aller voir ses fans au plus près.

Le Boss enchaîne les titres, piochant dans son énorme répertoire et prenant quelques propositions dans le public. Une fan défie le E-Street Band de reprendre Lucille de Little Richard, le challenge est accepté et le Rock est à son apogée, la guitare saturée accompagnée des cuivres nous en mettent plein les oreilles. Cela faisait des années que le groupe ne l'avait pas joué et pourtant la performance est plus qu'à la hauteur, même devant presque 70000 fans, Bruce laisse place à l'improvisation et n'hésite pas à modifier sa setlist pour satisfaire son public. La cérémonie atteint son apogée sur Spirit in the Night avec une introduction à couper le souffle et une voix sortie d'outre-tombe, la sensualité de cette chanson fait trembler le public, Bruce continue d'arborer son rôle de show-man à la perfection en courant d'un bout à l'autre de la scène, touchant des centaines de mains tendus vers l'icone presque divine qu'incarne le Boss. 




Un début de concert tout en puissance mais le meilleur n'est pas encore passé, Springsteen annonce qu'il va jouer Born in the U.S.A en entier. L'intro de son hymne résonne dans le stade et malgré que BITUSA ne soit pas souvent le préféré des fans les plus assidus, nous comprenons que cet album est le plus taillé pour les grands show. La fête est à son paroxysme, le public dansant et twistant sur Working on the Highway, sautant sur Bobby Jean et Glory Days, l'émotion ressortant sur Downbound Train et I'm On Fire et l'immense plaisir d'entendre No Surrender en live font de ce moment, l'un des meilleurs que l'on puisse vivre en concert. La performance continue sur un Dancing in the Dark des plus électriques, Bruce invite une fan pour danser avec lui, instant qu'elle n'oubliera pas d'aussi tôt. Une autre fan demandé au Boss si elle peut jouer avec lui, il lui offre alors une guitare et elle a l'immense joie de jouer devant tout un stade. La générosité au service du Rock, en quelques minutes, Bruce réalise les rêves de ces nombreux fans et nous apporte à tous un sentiment de bonheur intense. 

Le concert continue, le marathonien du Rock ne s'arrête jamais, passant de la folk au blues, du folklore irlandais au gospel, le E-Street Band se transforme en un instant de musiciens avertis à troupe spécialisée en show de grande envergure, avec des chorégraphies millimétrées, un Stevie et un Nils toujours aussi joueurs, et un Jake Clemons de plus en plus dans la peau de Big Man. La fatigue commence à se faire ressentir chez les fans, Bruce nous nargue en dansant toujours plus et nous demandant si on veut rentrer à la maison. Evidemment, par fierté le public répond négativement et le spectacle peut reprendre de plus belle. Une enfant du public est invitée pour chanter un petit moment sur Waiting on a Sunny Day, elle monte sur ses épaules et son regard en dit long sur l'instant extraordinaire qu'elle est en train de vivre. 

L'heure est au rappel avec un We Are Alive des plus frissonnant, un Born To Run des plus résonnant, un Ramrod des plus dansant. Tenth-Avenue Freeze Out, une chanson écrite en hommage au E-Street Band, est jouée avec des images de Clarence Clemons, décédé il y a maintenant deux années. La fête se termine mais Bruce revient pour nous gratifier d'un Thunder Road, seul à la guitare acoustique, dans un stade totalement éclairé et silencieux. Le moment est magique, un instant qu'on aimerait saisir et garder dans sa main afin de pouvoir le revivre chaque jour. 

Le temps d'une soirée, Bruce Springsteen a redonné le sourire à ces milliers de personnes venus voir la légende vivante. En le voyant, on comprend instantanément la raison pour laquelle on le surnomme le Boss, à lui tout seul il est capable de lever toute une foule et d'animer les meilleures émotions. Difficile d'apprécier un autre concert après l'avoir vu, il restera le meilleur show-man de la scène musicale, difficile de transcrire tout ce que j'ai pu ressentir à l'égard de ce concert tant il faut le vivre pour comprendre. Je conclurais tout simplement en remerciant cette personne sans égale, après avoir vécu un concert extraordinaire, on se dit souvent "Je peux mourir désormais" mais en voyant Bruce Springsteen et son E-Street Band, on a envie d'y croire et de revivre cela infiniment, on a envie de prendre sa guitare et d'atteindre ne serait-ce qu'un quart de son talent. 

"If I could take one moment into my hands 

 Mister I ain't a boy no I'm a man 
And I believe in a promised land "


Setlist : 

Preshow
1. This Hard Land
2. Burning Love
3. Growin' Up
Concert 
1. Badlands
2. Out In The Street
3. LUCILLE ( Request )
4. Wrecking Ball 
5. Death To My Hometown
6. Cadillac Ranch
7. Spirit In The Night

* Born In The USA Full Album*
8. Born In The USA
9. Cover Me
10. Darlington County
11. Working On The Highway
12. Downbound Train
13. I'm On Fire
14. No Surrender
15. Bobby Jean
16. I'm Goin' Down
17. Glory Days
18. Dancing In The Dark 
19 . My Hometown

20. Pay Me My Money Down
21. Shackled & drawn
22. Waitin' on a sunny day
23. The Rising
24. LOHAD

25. We are alive
26. Born to run 
27. Ramrod
28. Tenth Avenue Freeze out
29. American Land
30. Thunder Road (acoustic)

mardi 28 mai 2013

AC/DC


Si il y a bien un groupe dont je ne parle pas assez sur ce blog, c'est AC/DC. En m'écoutant quelques uns de leurs albums ce soir, j'ai pensé au fait qu'ils ne reviendront peut-être jamais et un sentiment de tristesse intense m'a envahi. Par trois fois, j'ai eu l'immense plaisir de les voir et ceux furent les trois plus beaux moments de ma vie. Ce groupe est une partie de moi-même, les solos d'Angus Young ont éveillé ma passion pour la guitare, les riffs de Malcolm ont forgé mon jeu de guitare, les paroles de Bon Scott ont fait de moi le débauché que je suis. J'ai compris le Rock grâce à AC/DC, j'ai su quel était le son parfait à mes oreilles puis j'ai découvert la passion, la vraie. Quelques mots ne suffiront pas à décrire l'amour que je porte à ce groupe mais je tiens à le remercier pour m'avoir sauvé par plusieurs moments la mise. Dans les instants de joie, de tristesse, de fête ou d'amertume, Powerage et Ballbreaker ont toujours été là et m'ont apporté la force de faire tout ce que j'ai entrepris. Rien, ni personne n'aura jamais une place aussi importante que ce monument de la musique, quoique vous puissiez en dire, par sa longévité et sa capacité à ne jamais se trahir, AC/DC est le plus grand groupe de Rock de tous les temps. 

mardi 21 mai 2013

When The Music's Over..


Je ne suis pas trop habitué aux hommages, ni aux envolées lyriques pour décrire le passage vers un nouveau monde inexistant mais certains artistes méritent bien quelques concessions. Ray Manzarek, décédé hier d'un cancer, était l'un de mes artistes préférés et c'est avec tristesse que je me fais à cette nouvelle disparition. The Doors, un groupe à qui je dois tellement et qui a influencé ma culture musicale à jamais. La première écoute de L.A Woman a été une révélation et j'ai compris ce jour là que le Rock était la plus belle musique jamais conçue. Triste de se dire que la liste des artistes de cette époque bénie vont peu à peu s'éteindre, que nous ne grandirons jamais avec nos idoles et que la musique ne sera jamais aussi inspirée. Un grand merci à cet homme pour ce qu'il a apporté à la musicalité et à l'originalité des Doors, pour ce qu'il a donné à la musique. Continuons d'écouter ce groupe, de répandre ces albums et n'oublions pas que nos mémoires sont les vrais manuscrits de l'histoire de notre musique.

dimanche 19 mai 2013

Black Dog Barking - Airbourne (2013)



Airbourne, un groupe qui déchaîne les passions non seulement chez les fans mais aussi chez les aigris qui n'y voient qu'un mauvais pastiche des groupes de leur époque. Pour ces derniers, je leur déconseille de continuer la lecture de cette chronique qu'ils trouveront à coup sûr nulle et exagérée. Pour les autres, vous, fervents défenseurs de cette musique remuante, excitante et désaltérante, pour ceux qui n'ont jamais cessé de croire à la parole énoncée par un certain Brian Johnson en 1980 Rock N Roll never gonna die, cet album est pour vous.

La patience a fini par payer, un mois après la sortie du single Live It Up, Black Dog Barking est déjà disponible en streaming sur Internet ainsi que dans toutes les grandes Fnac de France. Dès les premières secondes, on comprend les intentions du groupe avec la réédition de Ready To Rock, des chœurs mélodiques très mis en avant, une batterie puissante à souhait et des refrains toujours aussi prenants. Comme le prédisait la pochette, Airbourne est agressif et à l'offensive et nous en met plein la face avec aucun temps mort. Un album court (35 minutes) et très efficace avec des introductions de morceaux bien plus travaillées qu'auparavant, la longue montée en puissance de Live It Up pour une explosion de folie, les choeurs en fade-in de Ready To Rock ou encore le riff hispanique d'Hungry. Pour ce troisième album, la production de Brian Howes s'avère très américanisée, le son est beaucoup moins brouillon qu'un No Guts No Glory mais on y perd la touche vintage des premiers albums. Un mal pour un bien tant ce nouvel opus est agréable à écouter. Des chansons taillées pour s'éclater et faire la fête, des refrains à beugler dans une soirée bien arrosée et des riffs qui frappent là où il le faut, Black Dog Barking remplit parfaitement son rôle de défouloir. Les quatres australiens ont su se faire désirer et le résultat est à la hauteur des attentes, le travail accompli laisse percevoir encore un bel avenir pour Airbourne. Certains reprocheront le manque de morceaux à speed-tempo, d'autres l'excès de reverb ou encore l'overdose de choeurs, d'autres encore accuseront de plagier AC/DC, bref toutes les excuses et leurs contraires sont bonnes pour les frustrés. En attendant, ce groupe fait parler de lui et ce n'est pas donné à tout le monde.

Comme en 2008 et en 2010, l'heureuse sensation que le Rock N Roll n'est pas mort m'envahit à l'écoute de Black Dog Barking. Direct, franc mais bien plus mélodique, Airbourne est de retour pour nous en mettre plein les oreilles. De la musique simple et non facile, trois accords teintés de hargne et de passion,   des thèmes tournants autour de l'alcool, de la musique et des femmes, plus qu'une seule question à vous poser : ARE YOU READY TO ROCK?

dimanche 31 mars 2013

Rival Sons au Trabendo, le 30/03/2013


Rival Sons, ce jeune groupe formé en 2008 nous vient de Californie et pratique un blues-rock des plus transcendant et inspiré de notre génération. Paris dans un froid hivernal se prépare à être réchauffé par un son chaud et parfumé de ce qu'on faisait de meilleur à l'époque. C'est dans un Trabendo bien rempli que les Rival Sons font leur apparition et dès la première note, chacun comprend que cette soirée va être mémorable. Un son des plus parfaits, des vocalises à couper le souffle ainsi que des envolés guitaristiques qui pénètrent l'échine et la parcourent dans son intégralité. Je ne ferais pas de compte rendu morceau par morceau car ce concert ne fait qu'un, aucun moment de flottement, des alternances entre des chansons dansantes et d'autres planantes. Il y a quelque chose de sexuel dans la musique des Rival Sons, jamais un concert ne m'avait autant secoué de l'intérieur. L'audience est concentrée sur la musique et la vit, le chanteur lui même est dans son monde et nous fait ressentir le sens de chaque morceau. Je me délecte de chaque note de la Firebird d'époque de Scott Holiday, couplée à un son Orange et une pédale fuzz, ses soli semblent venir tout droit d'un autre monde, d'une autre époque. And we can dance until the sun comes up, la chanson donne le ton et on voudrait que ce moment ne s'arrête jamais. Le bassiste Robin Everhart, discret et concentré, me rappelle le jeune John Entwistle en faisant un travail remarquable avec des lignes de basse mélodiques et rythmées. On peut dégager des moments encore plus marquants que les autres avec notamment le break de I Want To tout en swing et en vocalise gospel, le superbe riff de Get What's Coming et de Keep On Swinging, l'émotion d'un Torture et d'un Jordan et enfin la beauté musicale de Memphis Sun et de Soul. Les mots commencent à manquer pour décrire cette expérience hors du commun qu'est un concert de Rival Sons, cette musique ne peut se résumer à un long texte parfois laborieux. Je finirais par cette anecdote, le chanteur Jay Buchanan, nous demande au début de Soul d'arrêter de filmer, de prendre des photos et de se concentrer sur la musique et de la vivre. Nous sommes là pour voir un concert et pour le ressentir, pour profiter du moment présent parce que ça ne sera pas pareil la prochaine fois. L'émotion du moment, l'humeur, le public font que chaque concert est unique et il faut le vivre à fond pour pouvoir se vanter d'avoir vécu. 





Setlist :